Plan eau français : Les réactions d'Eric Tardieu, Directeur Général de l'OiEau, dans Futura

Eric Tardieu, Directeur Général de l'OiEau, a été interrogé par Futura sur le Plan Eau, ensemble de mesures présenté par le président français le 30 mars pour améliorer la gestion de l'eau face aux effets du changement climatique.
En France, l'été 2022 a été marqué par une sécheresse historique et des pénuries d'eau potable dans certaines régions. L'automne et l'hiver qui ont suivi n'ont pas permis de rétablir la situation, malgré les attentes de pluies salvatrices. Après un mois de février qui a connu un déficit de pluie de -74 %, les précipitations contrastées du mois de mars n'ont pas eu un impact significatif sur les niveaux des nappes phréatiques.
Face à l'urgence de la situation, le gouvernement français a annoncé la mise en place de 53 pour mesures pour organiser la sobriété des usages, préserver la disponibilité et la qualité des ressources en eau, restaurer les écosystèmes, et répondre aux périodes de sécheresse de manière la plus efficace. Le principal objectif du Plan eau est une baisse de -10 % d'eau prélevée d'ici 2030.
Interrogé par le média Futura sur ce dispositif, Eric Tardieu, Directeur Général de l'OiEau a salué l'annonce de ce plan, mais estime qu'il aurait pu aller plus loin : "C'est très positif dans l'ensemble, l'existence même de ce plan traduit une prise conscience au plus haut niveau : on réalise que l'eau est une ressource rare et notre pays rejoint ceux qui ont déjà placé l'eau au plus haut de leurs priorités. La baisse de 10 % de consommation d'eau n'est sûrement pas assez, mais c'est une première étape. Un exemple, la consommation moyenne d'un Français est de 150 litres par jour par habitant. Les Allemands sont à 130 litres, il n'y aucune raison qu'un Français consomme plus. Le côté positif du plan, c'est d'installer une responsabilité collective : citoyens, industries, énergie, et agriculture. Même si la transition agricole est toujours un peu sous-estimée dans le plan".
Si la sensibilisation est un premier pas prometteur, la priorité doit être mise dans un second temps sur la réduction de fuite : "En France, le taux de fuite est de 20 % en moyenne sur l'ensemble des réseaux potables. Cela veut dire que si on sort 1 000 litres, seulement 800 sont distribués ! Les fuites représentent plus de 50 % en Guadeloupe, et en France métropolitaine, 170 communes ont un taux de perte qui dépasse 50 %", insiste Eric Tardieu.
L'OiEau, association d'utilité publique, est mobilisée pour la recherche de fuite et l'entretien des réseaux, à travers son offre de formation et ses plateformes pédagogiques à Limoges et à la Souterraine. Nos experts formateurs accompagnent les professionnels (collectivité locale, exploitant, industriel, etc.) à détecter les fuites, à réduire les pertes d’eau et à entretenir les réseaux.