Forum Mondial de l'Eau 2024 : L’innovation dans la production de données pour une gestion efficace de l’eau

Dans un monde en constante évolution sur le plan de des nouvelles technologies, des changements profonds continuent à intervenir dans le domaine des données et de l'information. L’OiEau, association œuvrant pour une meilleure gouvernance de l’eau, développe depuis sa création une expertise dans la production, l’exploitation et la valorisation des données et systèmes d’information sur l’eau.
La production et le traitement des données est en effet essentielle pour une politique de l’eau efficace : plaçant ainsi les systèmes d’information au service de la prise de décisions techniques, stratégiques, opérationnelles et politiques.
Dans le cadre du 10ème Forum Mondial de l’Eau, consacré au thème « l’eau pour une prospérité partagée », l’OiEau a coordonné l’organisation de sessions sur le thème du « renforcement des systèmes d’information sur l’eau », qui abordent les sujets de l’innovation, du partage et de la gouvernance des données, et de l’exploitation des données pour servir la science et la prise de décision.
L’innovation dans la production de données
La production de données nécessite une approche innovante, en particulier pour réduire les coûts et renforcer les processus de production au niveau des zones et parties prenantes ayant actuellement de faibles densités en données.
La mise en œuvre de méthodes innovantes peut permettre de disposer de données complémentaires tout en réduisant les coûts de production et de renforcer les processus de partage et la gestion collaborative des données, renforçant ainsi les capacités de gestion des ressources en eau fondée sur les données. Cette approche est essentielle pour améliorer les processus décisionnels, l'efficacité opérationnelle et la communication efficace des informations publiques et des résultats scientifiques.
Des méthodes innovantes sont à explorer et développer, comme :
- L’exploitation de la télédétection et l’utilisation de capteurs de surveillance automatisés. Que ce soit pour les aspects quantitatifs (hauteurs d’eau, évaporation, …), pour le suivi de la qualité des ressources en eau, ou pour le suivi des usages, les satellites apportent désormais des données complémentaires très utiles. L’OiEau est très impliqué sur ces thématiques puisqu’il anime depuis 2014 un groupe de travail sur l’hydrologie spatiale et est partenaire depuis 2016 d’un projet de préparation de SWOT appliqué par exemple au bassin du fleuve Congo. L’OiEau a également mis en œuvre de 2021 à fin 2023 le projet FASEP M.A.R.U (Monitoramento das Águas Residuais urbanas e do seu Impacto Ambiental), exploitant l'imagerie satellitaire pour renforcer le suivi de l’impact des rejets d'eaux résiduaires urbaines dans deux bassins hydrographiques prioritaires au Brésil.
- L’intégration de sources de données multiples. Quel que soit le pays, la gestion efficace des ressources en eau suppose de disposer de données, non seulement sur les ressources en eau, sur la quantité, la qualité, les eaux de surface et les eaux souterraines, mais aussi sur les infrastructures, les usagers et les usages. Les récents projets développés par l’OiEau sur des bassins transfrontières (Dynoba) ou au niveau national (Bolivie, Laos, ..) démontrent qu’il est possible de renforcer le partage et l’intégration de données multiples générées par diverses institutions, tout en s’appuyant sur l’existant et en développant des procédures gagnant-gagnant entre acteurs.
- Stimuler le partage des données et la gouvernance. InnWater et Govaqua, nouveaux projets européens pour lesquels l’OiEau est impliqué, ont pour objectif d’évaluer et comparer des approches et modes de gouvernance innovantes pour soutenir et accélérer une transition vers une utilisation durable et équitable de l'eau en Europe, notamment par le biais de plateformes de gouvernance.
Le partage des données est essentiel pour les solutions transversales de gestion de l'eau
La gestion des données sur l'eau nécessite une approche intégrée et concertée, mettant l'accent sur le partage des données à travers les frontières administratives, les divers secteurs et les différents systèmes. Cette approche circulaire, axée sur les bassins versants, vise à favoriser une collaboration efficace et à maximiser l'interopérabilité des données.
La coopération entre les institutions de différents niveaux (bassin, national, régional, international) pourrait contribuer à optimiser l'utilisation de nouvelles ressources, par exemple en optimisant la complémentarité de la télédétection avec le monitoring in situ, et à développer de nouvelles approches telles que le Digital Twin Environment sur la gestion des ressources en eau, renforçant ainsi le retour sur investissement positif déjà existant généré par la mise à l'échelle des systèmes d'information sur l'eau.
Pour ce faire, il est essentiel de développer des cadres de collaboration robustes, d'établir des langages de données communs et de mettre en place des processus d'interopérabilité, c’est-à-dire qui fonctionnent avec d’autres sans restriction d’accès ou de mise en œuvre. Comme l'explique Paul Haener, responsable de projets de Systèmes d’Information sur l’Eau (SIE) développés à l’international par l’OiEau, cette approche est portée par notre association et constitue un véritable outil d’aide à la décision.
De plus, il est impératif de convertir les données en informations exploitables afin d'étendre leur utilité et de renforcer les capacités décisionnelles dans la gestion durable des ressources en eau.
Transformer et améliorer les données en informations et services pour les prises de décisions et l’information des partenaires et du public
Cette transformation est essentielle pour appréhender les tendances et les potentiels scénarios futurs en matière de gestion de l'eau.
Les outils de traitement des données jouent un rôle crucial dans cette démarche. Ils peuvent être couplés avec des outils d’intelligence artificielle et fournir des analyses approfondies et des projections précises. Pour faciliter l'accès et l'interprétation des données par les parties prenantes, il est nécessaire de développer des interfaces conviviales et des outils de visualisation intuitifs. De plus, les informations obtenues doivent être adaptées aux besoins spécifiques des utilisateurs, en utilisant des modes de visualisation et des supports de communication adéquats.
L’OiEau a développé une approche visant à mettre en réseau les acteurs qui produisent des données afin de partager des informations tout en s’appuyant sur leurs systèmes d’information existants. Elle s’inspire de la méthode appliquée en France dans le cadre du Service d’Administration Nationale des Données et Référentiels sur l’Eau (SANDRE), dont l’OiEau assure le secrétariat technique.
Ces efforts convergent vers l'amélioration de la gestion des ressources en eau, renforçant ainsi la résilience face aux défis liés à l'eau. L’OiEau, association reconnue d'utilité publique depuis plus de 30 ans, mobilise ses expertises pour permettre des décisions mieux informées et favoriser une utilisation durable de l'eau.
Découvrez les sessions animées par l'OiEau sur les Données et les SIE
- 10h20-11h50 : Session 6D1 - Innover dans la production de données
- 13h00-14h30 : Session 6D2 - Renforcer le partage des données et la gouvernance
- 14h50-16h20 : Session 6D3 - Transformer et améliorer les données en informations pour la science et la prise de décision numérique
- 16h40-18h10 : HLP20 - Systèmes d'information sur l'eau
Vendredi 24 mai
- 8h30-10h00 : Synthèse de la session 6D – Systèmes d’informations sur l’eau